Hocus Pocus : ralentir pour aller plus loin
- Mickaël Spinnhirny
- 16 avr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 18 avr.
Le temps d’un regard, le choc d’une œuvre
Tout commence par une lumière. Une ombre. Un geste. En juillet 2018, dans une salle avignonnaise, Mickaël Spinnhirny assiste à une représentation de Hocus Pocus. Il ne connaît pas encore bien le travail de la Compagnie Philippe Saire. CAPAS ne fait pas encore de production déléguée. Il n’a pas de plan précis en tête. Mais il y a ce frisson. Ce sentiment rare qu’une œuvre parle une langue universelle, qu’elle peut toucher autant les enfants que les adultes, autant les curieux que les connaisseurs. Ce spectacle — sans paroles mais plein de signes — convoque le mystère, la tendresse, la légèreté. Il ose la lenteur, l’intuition, le flottement. Il est fait de lumière et de corps, de silences et de jeux d’optique. Deux interprètes y évoluent comme dans un rêve éveillé, entre présence et disparition. Ce premier regard sera le point de départ. Mais à ce moment-là, rien ne presse. Le coup de cœur est là, mais le projet n’est pas encore mûr. Il faudra attendre. Laisser infuser. Créer les bonnes conditions. Prendre le temps, tout simplement.
Le temps des rencontres : de l’intuition à la décision
Quatre ans passent. En juillet 2022, une discussion s’engage à Avignon entre Mickaël Spinnhirny et Philippe Saire. Un souvenir qui refait surface : Et si on le faisait venir au Québec, ce spectacle ? De cette conversation naît une volonté partagée : faire voyager Hocus Pocus. Le moment est venu. CAPAS, qui offre désormais des services de production déléguée, décide de porter ce projet, de le rêver grand, mais de le construire avec soin. Ce moment de bascule n’aurait jamais pu exister sans les années précédentes. Sans la maturation silencieuse de l’intuition initiale. Sans le respect des temporalités artistiques. Parce que dans le développement international, rien de solide ne se fait dans l’urgence.

Une tournée en 2025, comme une ligne d’arrivée et de départ
C’est donc au printemps 2025, presque sept ans après la première rencontre avec le spectacle, que Hocus Pocus arrive au Canada. Cette tournée n’est pas un simple enchaînement de dates. C’est l’aboutissement d’un processus lent, réfléchi, relationnel et engagé. Elle est le fruit de négociations patientes, d’écoutes croisées, de contraintes logistiques résolues une à une, et d’un respect profond pour l’œuvre et son intégrité artistique. Cette lenteur n’est pas une faiblesse. Elle garantit la pertinence du projet, sa durabilité, son impact réel sur les publics. Elle promet de créer du sens, pas seulement du mouvement.
Une opération CAPAS : produire, structurer, faire durer
CAPAS est une maison de contrastes assumés. Elle multiplie les projets, elle avance vite, elle anticipe, elle bouge — et elle aime profondément les nouvelles idées, les élans spontanés, les intuitions à saisir. Derrière cette vivacité, il y a un principe cardinal : prendre toujours le temps de bien faire les choses. C’est ce paradoxe fondateur qui donne sa force à nos projets. Nous ne sacrifions jamais la profondeur à l’efficacité. Et cela demande du temps, de la rigueur, et un vrai soin du détail. Pour Hocus Pocus, CAPAS a assumé chaque étape :
À la production déléguée, nous avons accompagné la Compagnie Philippe Saire dans un dialogue soutenu et respectueux, afin de préserver la vision artistique du projet tout en l’adaptant aux réalités nord-américaines.
Sur le plan de la diffusion, nous avons conçu une tournée durable et structurée. Elle s’inscrit dans un réseau de lieux partenaires engagés, avec une logique de déploiement qui favorise à la fois l’impact artistique, la médiation locale et l’accessibilité.
Côté financement, nous avons orchestré une collaboration fluide entre plusieurs partenaires publics du Québec, du Canada et de la Suisse. Cette triangulation nous a permis de bâtir un appui cohérent, équilibré et porteur de sens, aligné avec les ambitions artistiques du projet.
En médiation culturelle, nous avons développé des outils et des propositions pour accompagner les publics, prolonger l’expérience et favoriser une réception active de l’œuvre — notamment auprès des enfants et des milieux scolaires.
Le luxe de ralentir : un manifeste silencieux Dans une époque où tout circule vite — données, artistes, contenus — il devient parfois essentiel de réaffirmer une autre temporalité de l’international. Une temporalité qui valorise la qualité de la rencontre, l’écoute des langages différents et la construction de liens culturels durables. Accueillir Hocus Pocus, ce n’est pas simplement faire venir une œuvre de Suisse au Canada. C’est ouvrir un espace de dialogue entre deux scènes artistiques, deux sensibilités, deux manières d’habiter la scène. Ce n’est pas « programmer de l’international ». C’est inviter un autre regard sur l’enfance, le corps, le geste, la lumière. Nous croyons que l’international ne devrait jamais être un simple geste de consommation culturelle. Il doit être un terrain d’attention, de coopération, de fertilisation. Un lieu où l’on apprend à se laisser surprendre. À ralentir. À désapprendre aussi, parfois. Hocus Pocus n’est pas simplement une belle tournée. C’est un manifeste discret pour une autre manière de faire les choses. Une manière qui valorise la lenteur comme stratégie, la précision comme valeur, et la patience comme engagement. Dans le monde de la production, où tout doit aller vite, cette tournée prouve qu’il est encore possible — et peut-être même nécessaire — de ralentir pour durer. Pour rencontrer. Pour faire bien. Pour faire beau.
Pour aller plus loin : découvrez l’univers d’Hocus Pocus
Un microsite a été conçu pour accompagner la tournée et offrir une plongée complète dans le monde du spectacle : www.hocus-pocus.org
CRÉDITS
HOCUS POCUS
Concept et chorégraphie Philippe Saire Chorégraphie en collaboration avec les danseurs Philippe Chosson, Mickaël Henrotay-Delaunay Danseurs en tournée Philippe Chosson, Pep Garrigues Réalisation dispositif Léo Piccirelli Accessoires Julie Chapallaz, Hervé Jabveneau Création sonore Stéphane Vecchione Direction technique Vincent Scalbert Construction Cédric Berthoud Musique Peer Gynt, d’Edvard Grieg
TOURNÉE QUÉBÉCOISE
Une production déléguée de CAPAS • Label de danse Diffusion Daphnée Laurendeau et Mickaël Spinnhirny Rédaction des subventions Eric LeBlanc en collaboration avec Guy Boulanger de la SPEC du Haut-Richelieu Budget et administration Anouk Leblanc-Dominguez et Lydie Revez Production de la tournée Claire Jeannot Direction de tournée Claire Jeannot et Matéo Chauchat Microsite Thomas Roy-Bourdages Guide pédagogique Véronique Joubert
MERCI AUX DIFFUSEURS
Danse Danse à Montréal, Corporation de la Salle de spectacle de Sept-Îles, Centre des arts de Baie-Comeau, L’Anglicane de Lévis, Côté Scène à Sherbrooke, Théâtre de la Ville de Longueuil, Harbourfront Center à Toronto et le Pôle culturel de Chambly.
MERCI AUX PARTENAIRES FINANCIERS
Conseil des arts et des lettres du Québec, Conseil des arts du Canada et Consulat général de Suisse à Montréal.