CAPAS 2024-2025 : Plus qu'une saison, une propulsion
- Mickaël Spinnhirny
- 15 mai
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 16false39 GMT+0000 (Coordinated Universal Time)
La saison dernière chez CAPAS a été forte en tournées, en soutiens, en accomplissements, en fondations pour l’avenir et en apprentissage. Retour sur 365 jours d’émulation.

CAPAS • Spectacles : la diffusion sans frontières
Avec 161 représentations au compteur, dont 32 à l’international, CAPAS a continué à faire circuler la danse du Québec avec panache. Montréal, Gaspé, Oslo, on ne s’est pas contenté d’investir les territoires, on les a incarné. Plus de 700 000 $ ont été versés en cachets à nos artistes, preuve que nos efforts ne se contentent pas d’être visibles : ils sont viables. Les tournées se sont multipliées, consolidant des partenariats durables avec des programmateurs d’ici et d’ailleurs. Et pendant que les projecteurs éclairaient la scène, CAPAS sillonnait les marchés : plus de 120 jours de missions, 3 au Québec, 13 à l’international. De la Tanzmesse au Festival d’Avignon, de Séoul à Milan, notre présence était constante, ciblée, stratégique. Résultat ? Plus de 80 ententes de diffusion conclues ou en chantier. Cerise sur le gâteau : grâce à notre accompagnement, Cas Public sera de retour à l’Opéra national de Paris, Côté Danse sera au COLOURS Festival à Stuttgart, et d’autres s’envolent vers les plus grandes scènes. On parle ici d’une diplomatie culturelle agile, musclée, réciproque, sensible. D’un écosystème qui fonctionne, parce qu’on y croit, et qu’on y travaille.

Et puis, il y a eu NIEBO HOTEL
Un moment phare de la saison, une production immersive d’envergure, imaginée en complicité avec Ballets Jazz Montréal, Danse Danse et La Parenthèse, présentée dans l’écrin feutré de l’Hôtel Le Germain Montréal. Ce n’était pas qu’un spectacle. C’était une expérience sensorielle et scénographique qui a transformé chaque recoin de l’hôtel en scène vivante. CAPAS y a joué un rôle moteur dans la coordination, le financement et la structuration du projet, relevant le défi de conjuguer innovation artistique, logistique millimétrée et intelligence collective. NIEBO a démontré la puissance des modèles de coproduction hybrides, dans un contexte où la mutualisation est vitale. Il a attiré un public nouveau, curieux, engagé, qui est revenu même vivre l’expérience plusieurs fois.

CAPAS • Services : au cœur du moteur culturel
Quand on dit qu’on soutient le secteur, ce n’est pas une formule : c’est une réalité quotidienne, engagée, ambitieuse. Du site web à la comptabilité, du pitch de subvention aux campagnes de rayonnement, de la planification stratégique aux formations terrain, en 2024-2025, CAPAS a agi là où ça compte vraiment. Ce sont nos services qui ont permis aux compagnies de créer, de rayonner, de respirer. Et c’est dans ce rôle, souvent invisible, mais toujours essentiel, que CAPAS a joué son meilleur rôle cette année.

Prenons les chiffres. Plus de 15 compagnies appuyées, dont plus de 10 en comptabilité active. 6 demandes quadriennales rédigées – 2 au Conseil des arts de Montréal, 4 au Conseil des arts du Canada – pour 3 compagnies différentes. C’est énorme. Et c’est structurant. On a coordonné la création ou la mise à jour majeure de 5 sites Internet, publié plus de 600 publications sur les réseaux sociaux, offert plus de 30 formations. En diffusion, en IA, en outils numériques. On a bâti des plans stratégiques, propulsé des campagnes pour des institutions majeures, accompagné la scène locale dans ses mutations et ses ambitions. Nos services sont des fondations. Une base solide, outillée, bienveillante, et surtout hautement compétente, sur laquelle le secteur peut compter pour faire ce qu’ils font de mieux : créer et diffuser.

Changer de paradigme : pour une culture qui tient debout
Mais au-delà des chiffres et des réalisations, cette année a été marquée par la transformation de notre façon de travailler, de penser collectivement. Notre modèle d’affaires a muté. Face à un financement public de plus en plus évasif, à des décisions qui tiennent plus de l’astrologie que de la stratégie, nous avons misé sur autre chose : la mutualisation. La vraie. Celle qui ne se contente pas de partager un bureau ou un fichier Excel, mais qui crée de l’intelligence collective, des solidarités concrètes et une efficacité renouvelée. Mais cette mutualisation touche à ses limites. On a tout partagé : les ressources, les expertises, les campagnes, les chaises. Il ne reste presque rien à mutualiser, sauf peut-être le souffle. Et pourtant, on tient bon. Parce que notre force, c’est de savoir transformer chaque contrainte en laboratoire. Chaque coup dur en opportunité, de se réinventer. Alors, on a osé. On a cassé les hiérarchies. On a redéfini les rôles. On a remplacé les évaluations annuelles par du mentorat. On a remplacé les contrôles par la confiance. On a misé sur l’agilité, l’auto-gestion, le plaisir d’être ensemble. CAPAS ne veut pas juste s’adapter. CAPAS veut ouvrir la voie. Expérimenter un autre rapport au travail. À la culture. À l’avenir. Un avenir où la technologie augmente l’humain, où la gestion s’ancre dans l’empathie, où le collectif devient un levier de puissance. Alors oui, on prend un moment pour dire merci. Merci à celles et ceux qui croient, qui créent, qui portent. Merci à l’équipe, aux partenaires, aux artistes. Merci à notre conseil d’administration qui nous écoute et nous guide. Merci à cette folie lucide qui nous pousse à ne jamais faire les choses à moitié. Parce que l’avenir, on ne va pas juste le subir. On va l’inventer. Ensemble.

Multiplier les rôles, un acte politique
On cumule les rôles. Et c’est volontaire. CAPAS interroge les modèles. Parce qu’on refuse de se laisser enfermer dans une seule case, nous avons choisi d’endosser plusieurs fonctions. Agent, programmateurs, producteur, organisme de service, créateur, artiste, comptable, graphiste… C’est une posture. Et surtout, c’est une réponse à un besoin du milieu. Si nous sommes tout ça à la fois, c’est pour une seule et même raison : servir la discipline. Offrir aux artistes et aux organismes les conditions nécessaires pour exister, pour créer, pour rencontrer leur public. Éviter qu’ils et elles s’épuisent à tout faire eux-mêmes. Stimuler les liens entre les œuvres, les institutions, les scènes et les citoyen·nes.

Et tout cela, avec seulement 12 % de financement public. Ce chiffre dit beaucoup. Il dit la résilience d’un modèle, sa créativité, son audace. Mais il dit aussi son isolement relatif dans les logiques habituelles du milieu. Parce que CAPAS ne fonctionne pas comme une structure classique. Notre modèle d’affaires est hybride, inspiré autant des organismes culturels que des startups : on y combine diffusion, services, production, formation, stratégie, innovation. C’est cette multiplicité, qu’on nous reproche parfois, qui nous permet de tenir debout avec très peu de subventions. Ce n’est pas qu’on refuse le soutien public. Bien au contraire. Mais en attendant d’être mieux reconnus et soutenus pour ce que nous sommes vraiment, on travaille avec ce qu’on a. On diversifie, on mutualise, on optimise. Notre souhait pour les années à venir : Être soutenus à la hauteur de notre impact, de notre utilité, et de notre vision pour pouvoir continuer à faire ce qu’on fait de mieux : soutenir la danse. Toute la danse. Sans devoir choisir entre pertinence et accessibilité.