L’agent ChatGPT : bouleversement en vue pour la culture
- Mickaël Spinnhirny
- 1 sept.
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 10 sept.
ChatGPT ne fait pas que penser : il agit. Prise de rendez-vous, création de documents, consultation de calendrier... découvrez comment cet assistant actif peut alléger encore plus votre travail.
L’annonce de la nouvelle fonctionnalité ChatGPT Agent par OpenAI cet été a suscité un vif intérêt dans plusieurs secteurs, et la culture n’y échappe pas. Après l’arrivée de ChatGPT dans l’espace public, cette version « agentique » va bien au-delà de l’échange classique. Loin de se contenter de répondre aux questions, l’IA prend désormais des initiatives pour accomplir des tâches complexes. Ce pas en avant représente un tournant dans l’usage quotidien des intelligences artificielles. ChatGPT ne se limite plus à être un assistant réactif, il devient un agent proactif, capable de redéfinir nos méthodes de travail.

Un agent conversationnel qui passe à l’action
Concrètement, qu’est-ce qui change avec l’agent ChatGPT ? Pour la première fois, une IA grand public peut effectuer des actions en ligne de façon autonome, en s’appuyant sur son propre « ordinateur virtuel ». Elle combine l’intelligence du modèle ChatGPT avec une panoplie d’outils intégrés : un navigateur web (qui permet de cliquer, faire défiler des pages et remplir des formulaires), un terminal de commande (pour exécuter du code ou manipuler des fichiers), et même des connecteurs vers des applications comme Gmail ou Google Calendar. Autrement dit, l’agent ChatGPT est un assistant numérique unifié qui peut non seulement réfléchir mais aussi agir en ligne à notre place.
Dans les faits, l'agent est capable d’enchaîner les étapes d'un processus complet sous votre supervision. Il navigue intelligemment sur le Web, filtre les résultats, exécute du code, puis génère un résultat final exploitable. Par exemple, il peut analyser des concurrents, créer une présentation, remplir des formulaires administratifs ou organiser un voyage, tout en se souvenant des étapes précédentes de la tâche. Là où le ChatGPT classique se contentait de fournir des idées ou des brouillons, l'agent passe à l’action : il peut cliquer sur des sites, télécharger des documents, remplir des champs en ligne, éditer des feuilles de calcul, et même préparer des diaporamas interactifs. Le tout, bien entendu, sous contrôle humain : l’agent demande confirmation avant toute action sensible, et l'utilisateur peut intervenir à tout moment pour guider ou interrompre le processus

Des applications concrètes pour le secteur culturel
Pour les professionnel·les de la culture, les promesses de l’agent ChatGPT ouvrent des perspectives inédites. Cette IA capable d’automatiser des tâches du début à la fin pourrait devenir un allié précieux dans la gestion de projets culturels. Nombre de tâches fastidieuses, chronophages, qui font partie du quotidien dans ce secteur, peuvent potentiellement être déléguées en tout ou partie à l’agent. Par exemple, imaginons la préparation d’une tournée artistique internationale :
Recherche logistique : l’agent pourrait compiler une liste de salles répondant à des critères précis (jauges, disponibilités, cachets) dans plusieurs pays, en visitant les sites web des théâtres et en extrayant automatiquement les informations clés. Il pourrait également parcourir les réglementations de visa ou les contraintes douanières propres à chaque destination.
Planification et réservations : sur commande, ChatGPT Agent saurait proposer un calendrier optimal de la tournée en tenant compte des distances et disponibilités, puis initier les réservations de vols et d’hôtels pour la troupe en remplissant les formulaires en ligne (le tout soumis à validation avant paiement, bien entendu).
Gestion administrative : l’IA pourrait remplir des formulaires de demandes de subventions ou d’inscription à des festivals, générer des contrats types pour les partenaires locaux, ou encore mettre à jour un budget prévisionnel dans un tableur à mesure que de nouveaux coûts sont ajoutés.
Ce scénario, qui relève encore en partie de la projection, donne un aperçu de l’aide que pourrait apporter un agent conversationnel autonome. La gestion de projet s’en trouverait allégée : moins d’heures passées sur des comparaisons de tarifs ou des saisies répétitives, plus de temps pour la coordination artistique et les imprévus créatifs. De même, dans la création de contenu et la communication, un tel outil pourrait enrichir le travail des équipes : génération de descriptions bilingues pour un programme de salle, préparation d’un dossier de presse avec synthèse automatique des articles parus sur un artiste, ou encore adaptation rapide de contenus pour les réseaux sociaux.
Bien sûr, ces usages devront être expérimentés avec prudence. Mais le potentiel est là : automatiser les tâches répétitives, pour libérer du temps sur le terrain créatif et humain. Dans le secteur culturel – où les ressources humaines sont souvent limitées et multitâches – un agent comme ChatGPT pourrait ainsi jouer un rôle d’assistant polyvalent, travaillant en coulisse 24h/24 sur commande, afin de décupler l’efficacité des petites équipes. Il n’est pas exagéré de dire qu’avec de tels outils, un petit organisme culturel pourrait accomplir des projets de l’envergure d’un grand, en partie grâce à cette “augmentation” technologique de sa force de travail.
Gestionnaires : anticiper dès aujourd’hui la révolution agentique
Si les perspectives offertes par l’agent ChatGPT suscitent de l’enthousiasme, elles s’accompagnent aussi de nombreuses questions pour les gestionnaires. En effet, accueillir une IA aussi puissante dans les pratiques de travail constitue un changement organisationnel majeur. Il est impératif d’anticiper dès maintenant comment accompagner les équipes dans cette transition, afin d’en tirer le meilleur parti sans casse sociale.
La première réaction, on le constate déjà, est souvent teintée de méfiance. Beaucoup reconnaissent l’utilité potentielle de ces agents intelligents, mais certain·es craignent aussi que leur essor ne s’accompagne de pertes d’emplois, notamment dans les métiers de l’écrit et de la création. Ces inquiétudes, légitimes, rappellent celles qu’on a connues lors de l’introduction des ordinateurs personnels ou d’Internet dans les années 1990. Face à cela, la responsabilité des dirigeant·es est de démystifier l’outil et rassurer sur son rôle. Les tâches routinières, administratives, pourraient diminuer, tandis que d’autres compétences deviendront encore plus cruciales : le jugement artistique, la négociation humaine, la créativité et l’innovation resteront l’apanage des humains.
Pour les ressources humaines, l’arrivée de l’IA agentique implique aussi de redéfinir certains rôles. On verra probablement émerger des “spécialistes IA” au sein des équipes, chargés de maîtriser ces outils et d’aider leurs collègues à les utiliser au mieux. Les profils les plus technophiles pourront former les autres, et il faudra valoriser ces nouvelles compétences. Par ailleurs, intégrer un agent comme ChatGPT dans les processus demandera une mise à jour des outils de travail (systèmes informatiques compatibles, comptes d’accès partagés à l’agent, etc.) et possiblement des ajustements dans l’évaluation du travail (comment mesurer la productivité ou la créativité lorsqu’une partie du travail est effectuée par l’IA ?). Autant de chantiers que les managers ont intérêt à ouvrir dès maintenant, pour que le changement soit progressif et accepté.
En somme, la clé sera d’embrasser l’agent IA comme un partenaire plutôt que de le subir comme un concurrent. L’expérience montre que les innovations technologiques tiennent leurs promesses surtout quand les humains sont préparés et formés à en tirer avantage, tout en restant vigilants aux dérives.

Vers un changement systémique du travail culturel (et au-delà)
Il est encore tôt pour mesurer toutes les conséquences de l’avènement des agents IA comme ChatGPT, mais une chose est sûre : nous sommes au début d’une transformation systémique. Le secteur culturel, à l’instar de bien d’autres domaines professionnels, pourrait être durablement bouleversé par la généralisation de ces assistants virtuels capables d’accomplir une myriade de tâches. À plus grande échelle, on peut y voir le prolongement d’une tendance : celle d’une automatisation grandissante des travaux intellectuels et créatifs qui, jusqu’à récemment, semblaient réservés à l’intelligence humaine. Chaque révolution technologique apporte son lot de défis éthiques et de réajustements nécessaires. L’agent ChatGPT n’échappe pas à la règle : risque d’une uniformisation des pratiques si tout le monde s’en remet aux mêmes algorithmes, risque de biais dans les informations collectées, ou simplement risque de dépendance excessive à l’automatisation au détriment du savoir-faire humain. Le défi sera de conserver un équilibre vertueux.
Encore beaucoup d’imperfections… mais un tournant à surveiller
Aussi prometteur soit-il, l’agent ChatGPT est encore loin d’être parfait. Bugs récurrents, limites techniques, logique parfois vacillante : l’outil peut se révéler frustrant en usage réel. Ce texte ne vise donc pas à faire la promotion d’un outil clé en main, mais à ouvrir un espace de réflexion sur l’avenir. C’est un brouillon de futur. L’agent ne remplace pas une équipe, mais il nous force à repenser nos façons de faire. Et ça, c’est déjà beaucoup.
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