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L’IA : catalyseur d’une métamorphose des compétences en culture

  • Photo du rédacteur: Mickaël Spinnhirny
    Mickaël Spinnhirny
  • il y a 17 minutes
  • 4 min de lecture

Depuis deux ans, l’intelligence artificielle s’immisce de plus en plus dans le quotidien des professionnel·les de la culture, au point où il n’est plus possible d’en faire abstraction.


La démocratisation d’outils conversationnels comme ChatGPT donne un aperçu saisissant du pouvoir de l’IA, notamment en exécutant en un clin d’œil de nombreuses tâches répétitives autrefois réservées aux humains : rédaction de courriels, mise en forme de texte, production de brouillon instantanés, etc. Ces avancées alimentent les spéculations sur l’impact des IA sur les emplois, amenant sur la table toutes sortes de scénarios catastrophes. Le secteur culturel possède cependant un atout unique, irremplaçable par la technologie : c’est un des rares milieux dont la valeur repose sur le contact humain. Ce faisant, l’IA se révèle comme un outil d’appui permettant de gagner du temps et d’améliorer l’efficacité des travailleur·euses culturel·les afin d’évacuer les tâches administratives et rédactionnelles chronophages pour mieux déployer le potentiel humain de nos professionnel·les. Mais pour y arriver, il faut embrasser les nouvelles compétences technologiques indispensables aux emplois culturels. Nous devons donc nous préparer non pas à une disparition de masse des postes, mais bien à une transformation en profondeur de nos tâches, afin de faire rayonner encore plus nos savoirs.


L’IA : catalyseur d’une métamorphose des compétences en culture

Accompagner les équipes dans la révolution de l’IA

Face à cette évolution, les gestionnaires d’organismes culturels ont la responsabilité de transformer leurs équipes en les accompagnant activement dans le développement de nouvelles compétences. Il ne s’agit plus seulement d’adopter de nouveaux outils, mais bien de faire grandir l’humain derrière l’outil. De nombreux·euses professionnel·les naviguent seul·es dans la complexité de l’IA, sans orientation formelle de leur institution. Ce vide d’accompagnement peut freiner l’adoption éclairée des technologies et accroître les inquiétudes. Quelles sont ces compétences de demain ? En première ligne, on trouve bien sûr de nouveaux savoir-faire technologiques, mais également des qualités humaines renforcées. Parmi les principaux axes de développement pour les professionnel·les culturel·les, on peut citer :


  • L’art de la requête  – il s’agit de savoir formuler des requêtes claires et optimisées pour obtenir de l’IA des résultats pertinents et créatifs. Cette capacité à affiner les requêtes pour améliorer les résultats devient cruciale pour exploiter pleinement des outils comme ChatGPT.


  • La veille technologique continue – compte tenu du rythme des avancées, chaque professionnel·le devra développer une habitude de veille pour suivre les nouvelles fonctionnalités, outils ou évolutions de l’IA appliquée à la culture. Être informé·e en continu permet d’intégrer à bon escient les innovations pertinentes dans ses pratiques, au bénéfice de son organisation.


  • L’esprit critique et l’éthique – loin de déléguer aveuglément aux machines, il faut cultiver un regard critique sur les contenus générés par l’IA. Vérifier les informations, déceler les biais ou erreurs éventuels, s’interroger sur les sources et le respect du droit d’auteur sont autant de réflexes à renforcer. Cette pensée critique garantit que l’IA n’appauvrisse pas la créativité ni les valeurs portées par le secteur.


  • La supervision éditoriale de l’IA – une compétence émergente est de savoir relire, corriger et bonifier les productions d’une IA. Rédiger une demande de subvention ou un contrat via un modèle génératif ne dispense pas de la vigilance humaine : il faut s’assurer que le texte final est cohérent, conforme à la vision artistique ou institutionnelle et adapté au public visé. Le rôle d’éditeur·rice de contenus générés par IA va donc se généraliser, exigeant rigueur, expertise et discernement.


Ces compétences se profilent désormais comme un socle de plus en plus stratégique pour le secteur. Celles et ceux qui les développent sécurisent leur employabilité et enrichissent la créativité, ainsi que la pertinence de l’action culturelle à l’ère numérique. Il revient aux gestionnaires de valoriser et stimuler ces apprentissages, car un personnel formé cesse de voir l’IA comme une menace; elle devient une alliée augmentant son impact, son agentivité. À titre d’exemple, une organisation artistique ayant formé ses employé·es à l'IA pourrait observer des gains concrets : utilisation d’outils pour répondre plus efficacement aux demandes de subventions, pour accélérer la rédaction de comptes-rendus, et même pour dégager du temps sur le terrain grâce à l’automatisation de tâches administratives.


Préparer dès aujourd’hui le futur du travail culturel

La balle est dans le camp des dirigeant·es culturel·les afin de mener à bien cette évolution des mentalités. L’IA incarne un changement de paradigme dans notre façon de travailler. Les gestionnaires doivent non seulement fournir des outils, mais aussi insuffler une vision : expliquer à leurs équipes pourquoi l’IA compte pour l’avenir de l’organisation, et comment elle facilitera leur travail pour le rendre plus approfondi, alors que les brouillons seront produits automatiquement, et qu'il ne restera qu'à y insuffler notre expertise et notre talent pour les rendre propre. En donnant du sens à cette transition, on transforme les craintes en motivation.


L’IA offre des opportunités formidables, mais ce sont les personnes qui en feront ultimement le succès ; investir dans les talents qui s’appuient sur l’IA pour élever nos organismes encore plus haut permet de bâtir un futur où la technologie aide à accomplir des projets d’envergure, des spectacles d’une grande richesse, des révolutions au service de nos infrastructures et de nos artistes. Autrement dit, la clé réside dans la capacité des organisations culturelles à élever le potentiel humain à l’aide de l’IA, plutôt que de les laisser grandir en vase clos : c’est en mélangeant les grains que le pain lèvera mieux.


Former, communiquer, inspirer : c’est ainsi que les gestionnaires du secteur culturel peuvent préparer leurs équipes à l’avenir technologique qui se précipite sur nous. Ce faisant, ils et elles préservent l’essence même de notre domaine : la créativité, le sens critique, le lien avec le public tout en dotant leurs collaborateurs des armes pour innover. Relever le défi de l’IA aujourd’hui assure la vitalité du travail culturel de demain.

 
 
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